Les Conversations

Les Conversations de Paul-Marie Coûteaux - Bernard Lugan, une certaine idée de la France en Afrique

Publiée le 08/09/2021
Un important sommet franco-africain se tient cet automne 2021 à Montpellier : occasion d'évoquer en détails un sujet majeur de l'actualité internationale, l'Afrique, où tant de choses se jouent pour la France et pour l'Europe. Occasion, aussi, de rencontrer Bernard Lugan, qui connaît mieux que personne ce continent décisif et mystérieux où il a vécu, en diverses capitales, le plus clair de sa vie, dont il a écrit l'Histoire et dont la connaissance approfondie fait partout autorité. Bernard Lugan est l'un des personnages les plus étonnants que j'ai rencontrés, figure chevaleresque au verbe haut, précis et clair comme un sabre, et dont la moustache, qu'il cultive comme une pièce de musée, est devenue une signature sur tout le continent. Je suis allé le voir cet été dans sa grande demeure des monts du Forez, aux confins de l’Auvergne du Lyonnais : les conversations que l'on va suivre le racontent autant qu'elles racontent l'Afrique, mais aussi une certaine France, toujours soucieuse du monde.

Les Conversations de Paul-Marie Coûteaux n°68 - Xavier Driencourt : Comment l'Algérie humilie la France

Publiée le 06/10/2025

Apothéose d’une carrière bien remplie que nous retraçons d’abord à grands traits (Roumanie, Australie, Malaisie…), Xavier Driencourt est nommé en 2008 ambassadeur de France à Alger. Il restera 4 années dans ce poste dont De Gaulle disait qu'il était l’un de deux plus importants de notre appareil diplomatique. Cet ambassadeur hors-norme, extraordinairement clairvoyant et courageux, remplira si bien cette fonction qu’il sera nommé à Alger une seconde fois, en 2007, où il résidera derechef pendant plus de 3 ans. Missions dont il tirera deux ouvrages - le second est paru il y a quelques mois sous le titre : « France-Algérie, le Double Aveuglement ». L’aveuglement est d’abord celui de nos diplomates (et responsables politiques) qui refusent de voir que, depuis leur indépendance voici 63 ans, les dirigeants algériens n’acceptent nullement de coopérer avec une France à laquelle, contre toute vraisemblance, ils attribuent leurs impérities et leurs maux endémiques (ils sont nombreux), s’acharnant tout au contraire à se venger d’une colonisation qui n’a d’ailleurs commencé qu’avec la IIIème République - et qui créa en moins d’un siècle un pays et un Etat qui n’existaient pas avant elle. Pire, l’aveuglement français est celui de plusieurs générations de Français qui refusent de voir que le nombre croissant d’Algériens en France (6 à 7 millions, soit 10% des habitants de la France - peut-être davantage en comptant les clandestins) est devenu pour Alger un levier par lequel une cohorte de généraux tient notre gouvernement de façon d’autant plus irréversible que la seule réponse de nos gouvernants semble être de leur céder d’année en année toujours plus de terrain. Exemple : la rupture de fait de nos relations diplomatiques (il n’y a plus d’ambassadeur de France à Alger ni d’ambassadeur d’Algérie en France), de sorte que plus aucune mesure d’OQTF visant un ressortissant algérien ne peut être exécutée. C’est le scénario de « l’invasion lente » que décrivait déjà Boualem Sansal pour TVL il y a un an, en deux conversations qui sont en somme le prélude à la présente rencontre avec un ambassadeur qui a le rare courage de ne jamais mâcher ses mots…