Les Conversations

Les Conversation avec Pierre Ménat - Russie/OTAN : une diplomatie entre lucidité et impuissance

Publiée le 16/04/2023

Il est sans doute trop rare que nous écoutions un des de ces hauts fonctionnaires qui suivent au jour le jour et quelquefois font la politique française. Le diplomate Pierre Ménat, qui fut ambassadeur de France en Roumanie, en Pologne, aux Pays-Bas, en Tunisie, mais aussi conseiller diplomatique de Jacques Chirac à la présidence de la République, a bien voulu relater pour TVL sa carrière mais aussi confier ses réflexions personnelles, d’ailleurs consignées dans plusieurs ouvrages. De la politique de la France en Europe, notamment vis à vis de la Russie et de l’OTAN, le diplomate décrit ici les raisons avec une lucidité et une honnêteté dont on lui sait gré, sans masquer ses nombreuses "occasions manquées". Récit d’autant plus éclairant qu’il révèle une combinaison de lucidité et d’impuissance qui en dit long sur les immenses efforts qu’il faut accomplir pour espérer s’arracher au conformisme inscrit dans l’appartenance à l’OTAN et à l’UE, et restaurer un jour le jeu de la France.

Les Conversations de Paul-Marie Coûteaux n°68 - Xavier Driencourt : Comment l'Algérie humilie la France

Publiée le 06/10/2025

Apothéose d’une carrière bien remplie que nous retraçons d’abord à grands traits (Roumanie, Australie, Malaisie…), Xavier Driencourt est nommé en 2008 ambassadeur de France à Alger. Il restera 4 années dans ce poste dont De Gaulle disait qu'il était l’un de deux plus importants de notre appareil diplomatique. Cet ambassadeur hors-norme, extraordinairement clairvoyant et courageux, remplira si bien cette fonction qu’il sera nommé à Alger une seconde fois, en 2007, où il résidera derechef pendant plus de 3 ans. Missions dont il tirera deux ouvrages - le second est paru il y a quelques mois sous le titre : « France-Algérie, le Double Aveuglement ». L’aveuglement est d’abord celui de nos diplomates (et responsables politiques) qui refusent de voir que, depuis leur indépendance voici 63 ans, les dirigeants algériens n’acceptent nullement de coopérer avec une France à laquelle, contre toute vraisemblance, ils attribuent leurs impérities et leurs maux endémiques (ils sont nombreux), s’acharnant tout au contraire à se venger d’une colonisation qui n’a d’ailleurs commencé qu’avec la IIIème République - et qui créa en moins d’un siècle un pays et un Etat qui n’existaient pas avant elle. Pire, l’aveuglement français est celui de plusieurs générations de Français qui refusent de voir que le nombre croissant d’Algériens en France (6 à 7 millions, soit 10% des habitants de la France - peut-être davantage en comptant les clandestins) est devenu pour Alger un levier par lequel une cohorte de généraux tient notre gouvernement de façon d’autant plus irréversible que la seule réponse de nos gouvernants semble être de leur céder d’année en année toujours plus de terrain. Exemple : la rupture de fait de nos relations diplomatiques (il n’y a plus d’ambassadeur de France à Alger ni d’ambassadeur d’Algérie en France), de sorte que plus aucune mesure d’OQTF visant un ressortissant algérien ne peut être exécutée. C’est le scénario de « l’invasion lente » que décrivait déjà Boualem Sansal pour TVL il y a un an, en deux conversations qui sont en somme le prélude à la présente rencontre avec un ambassadeur qui a le rare courage de ne jamais mâcher ses mots…