Les Conversations
Les Conversations de Paul-Marie Coûteaux n°58 - Babette de Rozières : La cuisinière qui cuisinait les politiques
Voici une femme-ouragan : après une enfance difficile en Guadeloupe, entre une grand-mère pleine de saveurs et une mère dévoreuse, la petite Babette fugue à 18 ans. Comme elle ne fait jamais les choses à moitié, voilà qu’elle débarque, seule et sans aucune connaissance, dans le bouillant Paris des années 60. C’est avec une stupéfiante énergie, qui est aussi une leçon de morale, une aptitude, qui tient du génie, à saisir les chances que lui offre le hasard et une arme inattendue, la cuisine créole (qu’elle apprend "sur le tas" en participant aux émissions de Maritie et Gilbert Carpentier), qu’elle conquiert la capitale. Elle y ouvre plusieurs restaurants, participe à de nombreuses émissions de télévision et devient dans le monde entier l’une des plus célèbres cuisinières françaises, au point que les gloires naissantes de Saint-Tropez, le Roi du Maroc ou l’ONU, l’appellent pour organiser leurs fêtes les plus resplendissantes. Cela ne suffit pas encore à l’intrépide gloire des Antilles : c’est par la défense de ses chers Outre-mer, quelle reproche aux métropolitains de trop délaisser, et qu’elle défend bec et ongles en mouillant sa chemise de façon exemplaire, qu’elle entre en politique, utilisant un solide carnet d’adresse qui lui permet d’être à la fois complice de Jacques Chirac ou Charles Pasqua (ici, quelques anecdotes désopilantes), d’Anne Hidalgo ou Valéry Pécresse - aux côtés de cette dernière, cette gaulliste invétérée et énergique (qui a même rencontré le général de Gaulle !), est élue au Conseil général d’Ile-de-France avant de la quitter de tonitruante façon pour rejoindre Eric Ciotti dont elle est désormais la déléguée dans les Yvelines - c’est là que rayonne aujourd'hui, dans la charmante petite ville de Maule, son fameux restaurant. Devant notables et notoires, elle sort facilement sa langue de sa poche, ce qui nous vaut des anecdotes des plus croustillantes - jusqu’à la confession finale accordée en exclusivité pour TVL, aussi touchante qu'inattendue.
Les Conversations de Paul-Marie Coûteaux n°68 - Xavier Driencourt : Comment l'Algérie humilie la France
Apothéose d’une carrière bien remplie que nous retraçons d’abord à grands traits (Roumanie, Australie, Malaisie…), Xavier Driencourt est nommé en 2008 ambassadeur de France à Alger. Il restera 4 années dans ce poste dont De Gaulle disait qu'il était l’un de deux plus importants de notre appareil diplomatique. Cet ambassadeur hors-norme, extraordinairement clairvoyant et courageux, remplira si bien cette fonction qu’il sera nommé à Alger une seconde fois, en 2007, où il résidera derechef pendant plus de 3 ans. Missions dont il tirera deux ouvrages - le second est paru il y a quelques mois sous le titre : « France-Algérie, le Double Aveuglement ». L’aveuglement est d’abord celui de nos diplomates (et responsables politiques) qui refusent de voir que, depuis leur indépendance voici 63 ans, les dirigeants algériens n’acceptent nullement de coopérer avec une France à laquelle, contre toute vraisemblance, ils attribuent leurs impérities et leurs maux endémiques (ils sont nombreux), s’acharnant tout au contraire à se venger d’une colonisation qui n’a d’ailleurs commencé qu’avec la IIIème République - et qui créa en moins d’un siècle un pays et un Etat qui n’existaient pas avant elle. Pire, l’aveuglement français est celui de plusieurs générations de Français qui refusent de voir que le nombre croissant d’Algériens en France (6 à 7 millions, soit 10% des habitants de la France - peut-être davantage en comptant les clandestins) est devenu pour Alger un levier par lequel une cohorte de généraux tient notre gouvernement de façon d’autant plus irréversible que la seule réponse de nos gouvernants semble être de leur céder d’année en année toujours plus de terrain. Exemple : la rupture de fait de nos relations diplomatiques (il n’y a plus d’ambassadeur de France à Alger ni d’ambassadeur d’Algérie en France), de sorte que plus aucune mesure d’OQTF visant un ressortissant algérien ne peut être exécutée. C’est le scénario de « l’invasion lente » que décrivait déjà Boualem Sansal pour TVL il y a un an, en deux conversations qui sont en somme le prélude à la présente rencontre avec un ambassadeur qui a le rare courage de ne jamais mâcher ses mots…
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